Wahab Mokrani, l’un des grands peintres algériens de son époque, nous a quittés subitement, le 3 décembre 2014, sur la pointe des pieds. Il avait 58 ans. La nouvelle nous a laissés aplatis et sans voix.
Wahab Mokrani a levé le camp dans la solitude d’un geste radical, mettant fin à une vie d’artiste à la marge. Peintre inspiré et poète écorché, à l’étroit dans une Algérie qui ne fait que peu de place aux arts, il habitait et se consumait dans ses tableaux comme ses silhouettes énigmatiques, perpétuellement nues, dansant dans les flammes du théâtre qui s’animait sous son pinceau.
Wahab Mokrani est parti et il nous faut admettre qu’on ne croisera plus son visage amical, ses accolades généreuses et ses tirades de poète, sa mémoire aiguë du temps qui passe.
Wahab Mokrani s’est tu et la nouvelle de la disparition d’un artiste aussi essentiel est passée presque inaperçue. Voilà pourquoi, cher Wahab, ces quelques mots pour saluer ta mémoire et te demander pardon pour tant d’ingratitude, et aussi pour tous les rendez-vous manqués et les promesses non tenues, dans notre cher pays qui n’en finit pas de broyer ses enfants les plus lumineux.
Marseille, Galerie Anissa et atelier Yazid Oulab, images de Dominique Devigne (10’, 2001)
Aucune
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