L’écrivain grec Vassílis Vassilikós, l’auteur de Z auquel le film de Costa-Gavras donnera un retentissement international, est mort jeudi 30 novembre à 90 ans. Publié en 1966, ce roman sera interdit durant les sept années que dura la dictature des colonels et l’écrivain, réfugié en France, devra attendre la chute de la junte militaire avant de rentrer au pays. Z revient sur l’assassinat d’un député de gauche, Grigóris Lambrákis en 1963, et l’enquête implacable du juge d’instruction Chrístos Sartzetákis.
"Le jour de 1969 où Z, le film de Costa-Gavras, est sorti en salles, la politique comme imaginaire démocratique a fait irruption dans le cinéma, la politique comme lieu de partage". C’est, en substance, le propos du livre Tous les films sont politiques d’Edwy Plenel, avec Costa-Gavras, paru le 6 mai.
Né Constantin Gavras, en 1933 en Arkadie, auteur multiprimé de dix-neuf long métrages, Costa-Gavras a été lauréat de deux Oscars pour Z en 1969, d’une Palme d’or pour Missing en 1982 et d’un Ours d’or pour Music Box en 1990. Neuf premiers films, allant de 1965 à 1983, sont réunis en coffret DVD et blu-ray dans des versions restaurées supervisées par le cinéaste : Compartiment tueurs, Un homme de trop, Z, L’aveu, État de siège, Section spéciale, Clair de femme, Missing, Hanna K. (Sortie, le 23 nov.)
Adapté de l’œuvre de Vassilis Vassilikos, Z (abréviation de Zei qui signifie "Il est vivant" en grec ancien) est l’histoire d’un juge qui se dresse contre la junte militaire impliquée dans l’assassinat d’un député de l’opposition. Le film s’inspire de l’assassinat du député Grigoris Lambrakis, en mai 1963, dans la Grèce des colonels sans que le pays ne soit jamais nommé explicitement.
Coproduction franco-algérienne, le film est produit par Jacques Perrin qui suggère qu’il soit tourné à Alger où ce dernier vient de séjourner pour les besoins d’un documentaire. Alger où Costa-Gavras estime avoir trouvé tout ce qu’il cherchait, "l’architecture, les rues, le port, la mer, [...] comme à Salonique, où se passait l’action du film". Après une préparation interrompue par les manifestations de mai 68 à Paris, le tournage débute en juillet à Alger. Pour le cinéaste, qui y revient dans son livre autobiographique Va où il est impossible d’aller (éd. du Seuil), les Algérois se souviendront longtemps de ce film français qui a bloqué la circulation de la place principale pendant dix nuits.
Z fut couronné du Prix spécial du jury et du Prix d’interprétation masculine décerné à Jean-Louis Trintignant, à Cannes en 1969. Le film a ensuite été récompensé de deux Oscars à Los Angeles, ceux du meilleur film étranger et du meilleur montage (Françoise Bonnot). Pour la petite histoire, c’est une limousine flanquée du drapeau algérien qui a conduit la délégation, emmenée par le cinéaste Ahmed Rachedi, chargée de recevoir les prix à Hollywood.
Au Festival de Cannes 2015, Cannes Classics était placé sous l’égide de Constantin Costa-Gavras qui en était l’invité d’honneur. Palme d’or avec Missing en 1982, membre du jury en 1976 (qui récompensa Taxi Driver), Prix de la mise en scène avec Section spéciale en 1975, le cinéaste a également obtenu le Prix du jury en 1969 pour Z qui figurait parmi les films restaurés et qui a été projeté en sa présence.
Auteur de films importants comme Z, L’Aveu, Clair de Femme et Missing, Costa-Gavras est aussi photographe. En 2013, avec quelque 70 images, entre photographies de voyage et portraits, la Maison européenne de la photographie à Paris donnait à voir cette face méconnue du travail du cinéaste. L’exposition proposait en outre un hommage à Chris Marker à travers des photographies prises par ce dernier sur le tournage de L’Aveu en 1970.
Pour les quarante ans du film (1969-2009), Z est ressorti en salles et figurait au programme de plusieurs événements et festivals. Outre sa reprise à New York, Z a été projeté à Athènes en présence du cinéaste, de l’écrivain Vassilis Vassilikos, du compositeur Mikis Théodorakis, du juge Christos Sartzétakis qui a instruit l’affaire Lambrakis, de l’actrice Irène Papas et de nombreuses personnalités du monde des arts, des lettres, de la politique et des médias ; une projection à laquelle a également assisté le président de la République grecque, Karolos Papoulias.
Z est l’un des films français les plus primés dans le monde.
Z de Constantin Costa-Gavras (123’, 1969)
Cérémonie de remise de l’Oscar, remis par Clint Eastwood et Claudia Cardinale à Ahmed Rachedi (Coproducteur Algérie) et Jacques Perrin (Producteur, France)
Z de Costa-Gavras > Bande annonce
– Rediff. TV : 15 février 2016 à 20 h 50, 16/02 à 13 h 35, 22/02 à 13 h 35 sur Arte – 11 mai 2011 à 01h15 sur France 2
– 10 décembre 2008 à 0h55 sur Cinécinéma Star
– 1er août 2005 à 20h55 sur Arte - Cinéma
Z
un film de Costa-Gavras
(125 min., Fr/Gr/Alg, 1968)
Avec Yves Montand, Irène Papas, Jean-Louis Trintignant, Pierre Dux, Jacques Perrin, Bernard Fresson, Charles Denner
Scénario de Costa-Gavras et Jorge Semprun
D’après le roman de Vassilis Vissilikos, traduit du grec par Pierre Comberousse (Gallimard-Folio)
– Sortie : 26 février 1969
– DVD (KG Éditions, 2000)
– Reprise aux USA > Rialto Pictures
Aucune
reproduction, même partielle, autre que celles prévues
à l'article L 122-5 du code de la propriété
intellectuelle, ne peut être faite de ce site sans l'autorisation
préalable de l'éditeur.
