Maître fondateur du genre chaabi algérien, El Hadj M’hamed El Anka est décédé le 23 novembre 1978 à Alger. Il est enterré au cimetière d’El-Kettar. Né le 20 mai 1907 à la Casbah d’Alger, au sein d’une famille originaire de Taguersift (Commune de Freha) en Kabylie, de son vrai nom Mohamed Idir Aït Ouarab, inscrit à l’état-civil sous le nom de Mohamed Idir Halo, il doit son nom à un quiproquo survenu le jour où, en l’absence de son père, c’est un oncle qui est allé déclarer sa naissance et que se présentant comme tel, "ana khalo" ("je suis son oncle"), le préposé à l’état-civil a enregistré le nouveau-né sous le nom de Halo.
Quittant très tôt l’école pour subvenir aux besoins de sa famille, le jeune Mohamed Idir Halo fréquente très vite des cercles de musiciens. Remarqué par Mustapha Nador alors qu’il n’avait que treize ans, il accompagnera le cheikh jusqu’à la mort de ce dernier en 1926. Il fait ses débuts au tar (tambourin), puis s’initie, sous l’autorité du maître, à la mandoline. Le futur interprète et compositeur fait de nombreuses rencontres et s’emploie dans le répertoire de la chanson religieuse (Hadra).
Il travaille ensuite à améliorer la transcription des poèmes de la tradition du medh (louanges qui glorifient la vie du Prophète de l’islam et des saints) altérés par transmission orale, et pénètre plus avant dans l’héritage poétique maghrébin. El Hadj M’Hamed El Anka avait, dit-on, le sens du rythme et une mémoire à toute épreuve.
Rénovant la tradition du medh et s’inspirant de l’héritage andalou, il fonde un genre : le chaabi. Pour le musicologue Bachir Hadj-Ali, "El-Anka intégrait, par instinct et par métier, dans le tissu mélodique des qaçaïds, des thèmes parfois étrangers et, dans les rythmes, des figures nouvelles, sans que le fonds musical maghrébin [...] en soit affecté".
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, El-Anka prend la direction de l’orchestre chaabi de Radio Alger, nouvellement créé, et réalise son premier concert à la salle Pierre-Bordes (aujourd’hui Ibn Khaldoun). Sous son impulsion, le chaabi quitte ainsi l’intimité des cafés et va sans cesse élargir son audience.
Chanteur, compositeur et instrumentiste, El-Hadj M’Hamed El-Anka a interprété quelque trois cents qaçaïd (poèmes) et enregistré près de cent cinquante disques.
Quarante ans après sa disparition, la figure du grand maître du chaabi algérien reste peu connue au regard du peu de travaux publiés à son sujet, dont on peut tout au plus citer "El Anka et la tradition chaabi", un article de Bachir Hadj Ali paru dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord (1978) ou "Hadj M’hamed El Anka, maître et rénovateur de la musique ‘chaabi’", un ouvrage de Rabah Saadallah (La Maison du livre, 1981). Pour les curieux et les amoureux du genre, il reste fort heureusement un grand nombre d’enregistrements sur YouTube, même s’ils sont de qualité inégale et le plus souvent mis en ligne sans le moindre effort éditorial.
Pour le 40e anniversaire de sa disparition, qui fut bien modeste, on a eu droit à El Meddah (Le Troubadour), une pièce théâtrale écrite et mise en scène par Mahfoud Fellous. Sous forme de tableaux articulés autour d’épisodes biographiques du maître, la pièce entendait faire revivre la figure d’El Anka dans son siècle.
– 17 novembre 2018, Tizi Ouzou / Théâtre Kateb Yacine
– 8 - 9 juin 2018 , Alger / Riadh el-Feth / Salle Ibn Zeydoun
> Cheikh M’hamed El Anka, El Medah (Cheikh M’hamed El Anka, le troubadour)
Une pièce écrite et mise en scène par Mahfoud Fellous
Avec Mohamed El Hadj Boualem (El Anka), Mustapha Alouane, Mohamed Tayeb Benbetka, Hassiba Boukhari, Djamel Bounab, Hamid Hellal, Fethi Krouri, Redouane Merabet et Kalem Miloud
– 18 juin 2016, voyage dans les répertoires de Lili Boniche, Salim Halali, Line Monty, Blond Blond, El Anka, El Hasnaoui..., Constantine / Théâtre régional
– 19 juin à 22 h, Annaba / Palais de la culture
– 21 juin à 22 h 30, Alger / Jardins de l’Institut français
– 22 juin à 23 h, Oran / Théâtre régional -
– 23 juin à 22 h 30, Tlemcen / Maison de la culture
"Hommage à Lili Boniche", par Casbah groove, avec Salah Gaoua (chant et conception), Khierreddine Kati (mandol, banjo), Bazou (piano), Rabah Khalfa (percussions), Caroline Cuzin (violon), Alaoua Idir (guitare)
Aucune
reproduction, même partielle, autre que celles prévues
à l'article L 122-5 du code de la propriété
intellectuelle, ne peut être faite de ce site sans l'autorisation
préalable de l'éditeur.