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  Emmanuel Roblès

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Théâtre d’Emmanuel Roblès

Emmanuel Roblès est né en 1914 à Oran, au sein d’une famille ouvrière d’origine espagnole. Le futur écrivain évoquera son enfance oranaise dans deux récits autobiographiques : Jeunes saisons (1961) et Saison violente (1974). Après sa scolarité dans sa ville natale, il est reçu à l’École normale de Bouzaréah à Alger (1931-1934) où il se lie d’amitié avec Mouloud Feraoun. Plus tard, il obtiendra de faire son service militaire à Blida, puis à Alger où il fait la rencontre d’Albert Camus. Il enseigne un temps à Oran, collabore au journal Oran républicain, avant de retourner à Alger entamer des études d’espagnol.

À cette époque, il collabore à la revue Rivages et fait la connaissance d’un groupe d’écrivains qui compte Gabriel Audisio, René-Jean Clot, Max-Pol Fouchet et Claude de Fréminville, rassemblés autour du libraire-éditeur Edmond Charlot et que l’on baptisera "École d’Alger". En 1938, paraît L’Action son premier roman. Trois ans plus tard, dans les colonnes du quotidien Alger républicain où Camus le fait entrer, il publie La Vallée du paradis sous forme de feuilleton qu’il signe du pseudonyme d’Emmanuel Chênes. Il s’attelle en outre à traduire les écrits poétiques de Federico Garcia Lorca, comme Prologue publié en 1940 et Romances historiques en 1942.

Entre temps, la guerre survient. Emmanuel Roblès est interprète auxiliaire de l’armée. Démobilisé, il publie Travail d’homme. Remobilisé au sein de l’état-major de l’armée de l’air comme officier interprète, puis reporter de guerre, en Angleterre, en Allemagne, en Chine et en Indonésie, il visitera aussi la Corse, la Sardaigne et l’Italie du Sud. Il participe en outre à des missions de bombardement sur l’Italie du Nord et sur des îles de l’Adriatique alors occupées par les allemands. L’Italie lui inspire une trilogie : Cela s’appelle l’aurore, Le Vésuve et Un printemps d’Italie.

Démobilisé en avril 1946 à Paris, il collabore un temps à diverses publications avant de retourner à Alger où il travaille à Radio Alger. Il participe aux rencontres de Sidi Madani et crée la revue Forge avec Louis Julia et El-Boudali Safir. Parmi les signatures de Forge, dont le premier numéro paraît en décembre 1946, on trouve celles de Mohammed Dib, Yacine Kateb, Jean Senac, Ahmed Sefrioui ou Malek Ouary.

Encore sous le coup de l’émotion soulevée par les massacres du 8 mai 1945 dans l’Est algérien, il publie Les Hauteurs de la ville, un roman écrit à la première personne et dont le personnage principal s’appelle Smaïl Belakhdar. On apprendra par Feraoun que le livre est dédié à un de leurs condisciples, Ahmed Smaïli, "condamné à mort sous le régime de Vichy, et qu’un don de poète promettait aux plus belles créations littéraires". Les Hauteurs de la ville obtient le Prix Femina l’année suivante. Emmanuel Roblès se fait aussi dramaturge avec sa première pièce Montserrat.

Lorsqu’éclate la guerre d’Algérie, il milite aux côtés de ceux qu’on appelait les "libéraux" avec à leur tête, Camus, consacrant un texte à l’épisode de "L’Appel à une trêve civile" (1956). À la mort accidentelle de leur fils Paul (1958), le couple Roblès quitte définitivement l’Algérie pour se fixer à Paris.

Après la faillite des éditions Charlot auxquelles il collabore, Roblès passe au Seuil. Il y créé, en 1951, la collection "Méditerranée" qui publiera notamment des romanciers algériens et maghrébins comme Feraoun, Dib et Sefrioui. C’est encore lui qui recommandera trois décennies plus tard Tahar Djaout à Louis Gardel qui l’éditera. En 1963, il est de retour à Alger où il anime une conférence en hommage à Mouloud Feraoun, assassiné le 15 mars 1962.

Il se tourne également vers le cinéma, collaborant notamment avec Luis Buñuel pour Cela s’appelle l’aurore. En 1966 et 1967, il se rend à Rome et Alger pour les besoins du scénario de L’Étranger de Camus que Luchino Visconti porte à l’écran.
Emmanuel Roblès a été élu à l’Académie Goncourt en 1973, au fauteuil de Roland Dorgelès. Camus, frère de soleil, son dernier ouvrage, est publié l’année de sa disparition. Le livre est dédié à Tahar Djaout, poète algérien et "frère de soleil" assassiné en mai 1993.
Emmanuel Roblès meurt le 22 février 1995 à Boulogne-Billancourt.

En marge du centenaire de la naissance d’Emmanuel Roblès en 2014, l’Institut français d’Algérie a soutenu la parution d’un ouvrage en partie inédit de l’écrivain. Intitulé Malika et autres nouvelles d’Algérie, présenté par l’universitaire Guy Dugas, l’ouvrage paru aux éditions El Kalima a fait l’objet d’une présentation et d’une vente signature par Guy Dugas, au Salon du livre d’Alger (3 nov.). Dans divers essais ou conférences, note Jean Dugas, Roblès a tenu a tenu à théoriser le genre de la nouvelle, à ses yeux trop peu reconnu en France. Il souligne - au delà du « genre flou » dénoncé par Etiemble - l’excellent exercice de style qu’il constitue dans ses contraintes, qui aident l’écrivain méridional qu’il est, volontiers lyrique et prolixe, à lutter contre les risques qui le guettent : "Je me méfie de mon tempérament méridional et m’efforce de contenir une certaine abondance, un certain lyrisme. C’est pourquoi j’élague beaucoup, au risque parfois de tomber dans l’excès inverse."

Roblès chez Charlot, en forme de roman d’une amitié entre l’écrivain et l’éditeur, a été publié aux éditions Domens (Pezenas), sous la plume de Guy Dugas (03/2014)



Le Rossignol de Kabylie (21 min., 1962)
D’après la nouvelle d’Emmanuel Roblès
Un film de Georges Regnier
Adaptation et dialogues : Georges Regnier
Dialogues arabes : Mahieddine Bachtarzi
Textes kabyles : Malek Ouary
Avec Djelloul Bachdjerrah, Philippe Camus


 25 novembre 2014, "Emmanuel Roblès, écrivain du dedans", par Guy Dugas, Oran / Institut des langues étrangères (Maraval) / A l’invitation de l’Institut français d’Oran
 24 novembre 2014, "Emmanuel Roblès, écrivain du dedans", par Guy Dugas, Tlemcen / Librairie Alili - Fg Kiffane
 22 novembre 2014, "Emmanuel Roblès, écrivain du dedans", par Guy Dugas, Alger / Institut français
 20 novembre 2014, "Emmanuel Roblès, écrivain du dedans", par Guy Dugas, professeur des universités, Annaba / Institut français
 7 et 8 novembre 2014, Colloque international "Emmanuel Roblès et le Théâtre : Le Théâtre d’Emmanuel Roblès", Limoges / Bibliothèque francophone multimédia, 2, place Aimé Césaire, Limoges
 3 novembre 2014, vente dédicace de Malika et autres nouvelles d’Algérie d’Emmanuel Roblès, par Guy Dugas, 19e Salon international du livre d’Alger / Stand de l’Institut français d’Algérie / (Hall central, stand B 45)
 6 décembre 2013, Colloque "Emmanuel Roblès et Mouloud Feraoun : Centenaire d’une amitié", par Les Amis de Mouloud Feraoun, de Max Marchand et de leurs compagnons, présidé par Edmonde Charles-Roux, Paris / Ministère de l’Éducation nationale, 110, rue de Grenelle, Paris 7e


Bibliographie

Malika et autres nouvelles d’Algérie
Édité par Guy Dugas
(Alger, El Kalima, 2014)


Roblès chez Charlot
par Guy Dugas
(Pezenas, Domens, 2014)



 Camus, frère de soleil
(Le Seuil, 1995)
 Saison violente (roman)
(Le Seuil, 1974)
 Jeunes saisons
(Alger, Baconnier, 1961) [tirage limité]
Illustrations de Charles Brouty
(Rééd., Le Seuil, 1995)
 Les Rives du fleuve bleu (récits)
dont "Camus et la trêve civile" (pp. 209-250)
(Le Seuil, 1990)
 L’Homme d’avril (nouvelles)
(Le Seuil, 1959)
 Les Hauteurs de la ville (roman)
(Alger, Charlot, 1948)
Prix Fémina
(Rééd., Paris, Le Seuil, 1960)
(Rééd., Livre de Poche)
 Travail d’homme (roman)
(Alger, Charlot, 1942)
Grand prix littéraire de l’Algérie
(Rééd., Paris, Charlot, 1945)
Prix populiste
 La Vallée du paradis (roman)
(Alger, Charlot, 1941)
 L’Action (roman)
(Alger, Soubirou, 1938)
(Paris, Charlot, 1946)

 


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