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  Annie Steiner

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Militante de la cause algérienne durant la guerre d’indépendance, la moudjahida Annie Steiner est décédée le 21 avril 2021 à Alger, à l’âge de 93 ans. Elle a été inhumée le 22 avril au cimetière d’El Alia, lors d’une cérémonie émouvante, selon la dépêche de l’APS, et en présence d’ami.e.s et de militant.e.s qui l’ont côtoyée comme Louisette Ighilahriz qui l’a connue en prison, Salima Bouaziz et Fadela Sahraoui qui estime qu’elle lui doit "son éducation politique et militante".

Annie Fiorio Steiner est née le 7 février 1928 à Hadjout (ex-Marengo) à l’ouest d’Alger, d’une mère française et d’un père originaire de Florence en Italie. Elle se marie en 1951 avec Rudolf Steiner, un architecte suisse, dont elle aura deux filles, Édith et Ida.

Juriste de formation, recrutée comme agent de liaison du FLN dans la capitale, elle est arrêtée en octobre 1956 et incarcérée à la prison de Barberousse (auj. Serkadji).

Jugée en mars 1957, elle est condamnée à cinq ans de réclusion qu’elle effectuera à la prison de Maison-Carrée (auj. El Harrach) à Alger, puis à Blida, avant d’être transférée à la Petite Roquette à Paris, à Rennes et enfin à la maison d’arrêt de Pau.

A sa libération en 1961, elle se rend en Suisse pour tenter d’obtenir la garde de ses filles, en vain. De retour en Algérie à l’indépendance, en l’absence de sa mère et de sa famille parties en France, elle opte pour la nationalité algérienne et travaillera une trentaine d’année au Secrétariat général du Gouvernement. Elle n’a jamais quitté Alger.

A l’aube du 11 février 1957 à la prison de Barberousse (auj. Serkadji) à Alger, Fernand Iveton est guillotiné en même temps que deux autres condamnés : Mohamed Ouenouri et Ahmed Lakhnache. Dans sa cellule dans le quartier des femmes, Annie Steiner leur a consacré un poème : "Ce matin ils ont osé".

Lorsqu’en 1985, la télévision algérienne diffuse Serkadji, une fiction de Hadj Rahim sur l’ancienne prison de Barberousse à Alger, un établissement de sinistre mémoire où furent incarcérés et guillotinés des centaines de combattants et de militants du FLN-ALN, le film fera l’objet de critiques d’anciennes détenues dans le quartier des condamné.e.s à mort et leurs témoignages sur les tortures, les privations, les brimades, leur cohésion de groupe et leur résistance feront la matière de Barberousse mes sœurs, un documentaire de Hassan Bouabdellah rehaussé notamment par la présence lumineuse d’Annie Steiner.

Celle qui fut l’amie de Jean Sénac, de Jean de Maisonseul (1912-1999) et de Roland Simounet, s’est vu consacrer un livre d’entretiens, La Moudjahida Annie Fiorio-Steiner : une vie pour l’Algérie, publié en 2001 aux éditions Casbah, par la journaliste Hafida Ameyar.


 14 juin - 7 juillet 2012, "Les Femmes d’Alger" de Mustapha Boutadjine, Paris / Vivienne Art Gallery
 21 septembre - 1er octobre 2011, Alger / 16e Salon international du livre / Complexe olympique Mohamed-Boudiaf


"Ce matin ils ont osé"

"Ce matin ils ont osé
Ils ont osé
Vous assassiner
C’était un matin clair
Aussi doux que les autres
Où vous aviez envie de vivre et de chanter.
Vivre était votre droit
Vous l’avez refusé
Pour que par votre sang d’autres soient libérés

Nous sommes tristes et meurtries
A travers murs et barreaux
Qui veulent nous séparer
C’est à vous que nous demandons
La force de supporter
L’instant de cruauté
Où le couperet
Puis le coq a chanté

Que vive votre idéal
Et vos sangs entremêlés
Pour que demain ils n’osent plus
Ils n’osent plus
Nous assassiner."

Annie Steiner

Publié dans Espoir et parole, poèmes algériens recueillis par Denise Barrat, avec des dessins d’Abdallah Benanteur (Paris, Seghers, 1963)


 La Moudjahida Annie Fiorio-Steiner : une vie pour l’Algérie
Entretien de Hafida Ameyar
Avant-propos d’Ahmed Ancer
(Alger, Association Les Amis de Abdelhamid Benzine, 2011)

 


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