Pour ses 50 ans de carrière de dramaturge, comédien et metteur en scène, Slimane Benaissa était à l’affiche du Théâtre national algérien (Tna), du 13 au 21 juin, avec Babor ghraq (Le Bateau coule), sa pièce la plus connue. Jouée des centaines de fois, la pièce revient telle qu’elle a été créée en 1982 avec pour seul changement, l’absence du comédien Sid Ahmed Agoumi, remplacé ici par Mustapha Ayad.
Vingt ans après la version française de Rak khouya ouana chkoun ? (Si tu es mon frère et moi qui suis-je ?), que nous avons accueilli pour sa création à la salle Ibn Zeydoun (1991), et un an après Le Conseil de discipline à la salle Atlas (2010), qui signait son retour à Alger, Slimane Benaissa a écrit et joué El Moudja welat (Le retour de la vague). En forme de "mémorial poétique", ce poème dramatique sur l’Algérie vient en contrepoint de Babor ghraq (Le Bateau coule), son célèbre succès du début des années 1980. Pour le dramaturge, El Moudja welat vient clore un long cycle d’écriture. Donné dans une conjoncture de révoltes dans le monde arabe, le monologue fait aussi écho, à sa façon, au "retour de manivelle" sur des "dictateurs qui ont tout spolié".
Révélé en 1974 avec Boualem, zid el goudam (Avance Boualem, avance), Slimane Benaïssa est surtout connu en Algérie pour son travail sur la langue dialectale et pour Babor ghraq (Le Bateau coule), crée en 1982 et alors interprété par Sid Ahmed Agoumi, Omar Guendouz et Slimane Benaïssa.
La pièce montre trois naufragés en mer. À court de vivres, ils décident que l’un d’entre eux doit être sacrifié. Mais comment le désigner "démocratiquement" ? Cette satire politique, qui épinglait au passage le bourrage des urnes par un parti unique aux scores toujours performants, a connu un très grand succès avant d’avoir des démêlés avec la censure.
Auteur, metteur en scène et comédien, né en 1943 à Guelma, pionnier du théâtre amateur au sein de la troupe Théâtre et culture, Slimane Benaïssa adapte, en 1969, La Poudre d’intelligence de Kateb Yacine en arabe populaire. Vingt ans plus tard, en pleine montée de l’intolérance religieuse, il écrit "Rak khouya, ouana chkoun ?" (littéralement "Si tu es mon frère et moi qui suis-je ?"), où deux sœurs s’inquiètent de l’injonction du frère qui s’est mis en tête de leur faire porter le voile.
En 1991, il en réalise une adaptation française intitulée Au-delà du voile. Porté par les comédiennes Fettouma Ousliha et Dalila Helilou, le spectacle est invité au Festival des francophonies de Limoges, puis en tournée. Peu après, Slimane Benaïssa s’établit en France.
En 1996, il met en scène Les Fils de l’amertume en collaboration avec Jean-Louis Hourdin. Dans ce spectacle créé en Avignon, Slimane Benaïssa incarne Youcef, un journaliste d’Alger qui vient de recevoir une lettre de condamnation à mort. "Funambules du malheur", les acteurs et les musiciens sont invités à aider Youcef à raconter son histoire. Entre narration et plaidoyer, Les Fils de l’amertume dresse un portrait de l’Algérie contemporaine pour essayer de comprendre "ici", la tragédie qui se joue "là-bas".
À l’issue de près d’une centaine de représentations, la tournée du spectacle a pris fin au printemps 1998.
En 1998, il créé Prophètes sans Dieu. La pièce sera jouée en tournée jusqu’en 2003, avant d’être recréée en Belgique dans une mise en scène d’Yves Claessens.
Aucune
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