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  R.A.S.

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La Bataille d’Alger
Dupont Lajoie d’Yves Boisset

R.A.S., "Rien à signaler". Derrière cette mention régulièrement consignée sur les registres d’une guerre qui ne disait pas son nom, le film d’Yves Boisset dénonçait sans fioritures les méthodes de la guerre de pacification, employées par la France durant le conflit algérien. "Rappelés" pour grossir les effectifs d’une armée en campagne, Rémy March (Jacques Spiesser), Alain Charpentier (Jacques Veber) et Raymond Dax (Jacques Villeret) vont faire la dure expérience, au sein d’un bataillon disciplinaire, de la préparation au combat contre les fellagas et des ratissages dans le djebel.

"Je n’étais pas au courant du projet de Vautier [de tourner Avoir vingt ans dans les Aurès] et je ne crois pas qu’il était informé du mien", écrit le cinéaste dans ses mémoires intitulées La Vie est un choix (2011). "Pourtant, sans que nous nous soyons concertés, les deux films s’inspiraient de la même histoire. Celle de Noël Favrelière, un appelé du contingent qui avait déserté pour rejoindre les rangs du FLN algérien."

Tiré du livre homonyme de Roland Perrot (1931-1993), militant pacifiste, antimilitariste et déserteur pendant la guerre d’Algérie, le scénario est signé Yves Boisset, qui avait fait son service militaire en Algérie, et Claude Veillot (1925-2008) qui avait parcouru le Sahara et couvert les "événements d’Algérie" en tant que journaliste, avant d’entamer une carrière de scénariste et d’écrivain.

Dans son Dictionnaire de la censure au cinéma (Paris, PUF, 1998), Jean-Luc Douin revient longuement sur les mésaventures d’Yves Boisset durant la préparation, le tournage et jusqu’à la sortie de R.A.S. : "La sécurité militaire est sur les dents face à ce projet de film sur la guerre d’Algérie ; elle cherche à empêcher le tournage par tous les moyens. Elle interdit l’accès à la moindre caserne, fait pression sur les loueurs d’uniformes et d’armes ( "... si vous aidez Boisset, nos surplus et armes démilitarisées vous seront désormais interdites"). Boisset doit maquiller des uniformes de l’armée belge, monter une coproduction avec l’Algérie... jusqu’à ce que la France fasse pression sur l’Algérie d’où l’équipe est finalement expulsée. Le film est tourné sur le versant tunisien des Aurès (sur les lieux mêmes d’où Jean-Louis Bertucelli, qui avait commencé Remparts d’argile, avait été lui-même expulsé ; il put finir son film sur le décor de R.A.S., que Boisset venait de quitter contraint et forcé. Le financement du film est bloqué à trois reprises, des bobines disparaissent "mystérieusement" lors du retour en France (des scènes de torture, comme par hasard), obligeant Boisset à aller les retourner. Le représentant du ministère des Armées à la censure s’oppose à sa sortie. Coupes : une scène de gégène, une scène de "corvée de bois" et une scène qui préfixe l’OAS et le putsch des généraux. Lors de sa sortie, des bombes sont lancées dans des salles. A Ivry, pendant un débat, des provocateurs d’extrême droite lancent des grenades offensives... qui blessent des anciens d’Algérie venus accuser le film d’être mensonger. Le film est interdit dans certaines municipalités. Sorti en plein été, une forme d’exploitation en fraude, le film est un succès. Il est très rarement diffusé à la télévision."


Vidéo > Yves Boisset > R. A. S. (104’)


Vidéo > Yves Boisset > "La Vie est un choix" sur TV5 Monde (12’, 2012)


Audio > B. O. du film R.A.S. d’Yves Boisset (1973), Musique de François de Roubaix (6’03)


 25 novembre 2012, Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis / Bobigny / Magic Cinéma
> Rencontre avec Yves Boisset, séance de dédicace de La Vie est un choix (2011)

 11, 12 et 16 novembre 2012, rétrospective "Algérie, de la conquête à l’indépendance", 13e Festival du film d’Arras
 22 septembre 2012, projection en présence du réalisateur, Lyon / Regard Sud / Cinéma Comoedia
 5 juillet 2012, Maghreb des Films à Paris : Algérie, "naissance d’une nation", Cinéma 3 Luxembourg
 14 - 21 avril 2012, rétrospective "La Guerre d’Algérie dans le cinéma français", Festival international du film indépendant de Lille
> 19 avril, Rencontre avec Yves Boisset, Maison Folie Wazemmes
 11 mars 2012, projection en présence du réalisateur, Cinémathèque de Toulouse / 6e Festival Zoom Arrière - Censure et guerre d’Algérie
 27 janvier 2012, "La guerre d’Algérie, images et représentations", Paris / Forum des images
 26 mars 20120, projection en présence d’Yves Boisset, réalisateur et président du festival, Sceaux / 2e Festival Ciné-Droit / Cinéma Trianon, 3 bis, rue Marguerite-Renaudin, 92330 Sceaux, Tel. : 01 46 61 20 52
 23 mars 2005, Cycle "Colonies", Forum des images, séance animée par l’historien Benjamin Stora


 Diff. TV : 21 février 2012 à 1 h 25 sur France 2


R.A.S.
un film d’Yves Boisset
(110 min., Fr, 1973)
D’après le roman de Roland Perrot (Jérôme Martineau éditeur, 1970)
Avec Jacques Spiesser, Jacques Veber, Jacques Villeret, Philippe Leroy, Jean-François Balmer
 Sortie en France : 15 août 1973


Lire : La Vie est un choix d’Yves Boisset
(Paris, Plon, 2011)

 


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