Né en 1967 à Béjaïa au sein d’une famille originaire des Ath Yenni, Abdeslam Olivier Graïne est diplômé de l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger où il a étudié la sculpture monumentale, entre 1990 et 1995 dans l’atelier Boulaïne. Dans le tumulte et les assassinats de cette période, il est l’un des fondateurs-animateurs de Carpe-Diem, un groupe d’expression corporelle dont la devise était "la rage de bâtir dans le sanctuaire de la destruction". Ce groupe a un temps donné des performances-improvisations chorégraphiques nourries de la tragédie qui se jouait alors à ciel ouvert dans le pays.
A cette époque, le sculpteur a notamment réalisé une statue en pied de feu le président Boudiaf et une sculpture en hommage aux sept moines assassinés de Tibhirine. L’artiste, qui a aussi réalisé des bustes en bronze de Kateb Yacine, Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Cherif Kheddam et Matoub Lounès, poursuit le rêve de voir se créer un espace, galerie ou jardin, qui conjuguerait mémoire et art, "un lieu de vie en rupture avec les « stèles cimetières »".
Abdeslem Graïne a ensuite quitté l’Algérie en 1997 et vit aujourd’hui entre la France et l’Allemagne.
Amoureux de la renaissance italienne, porté sur la sculpture monumentale et particulièrement sensible à la plastique du corps humain, il se décrit comme un "artiste « contemporain » qui tient dans sa pratique artistique à rester inscrit dans la continuité des techniques académiques, davantage par amour de la puissance plastique des œuvres classiques que par rejet des tendances actuelles ; ou pire encore, par ignorance des bouleversements qui ont eu lieu depuis plus d’un siècle. Après une longue période de repli créatif et une exposition intitulée "Jardin de la poésie", à Cologne durant l’automne 2006, il était de retour avec ses volumes à la faveur d’une première exposition au Centre culturel algérien à Paris.
Intitulée in corpore, l’exposition, qui se voulait "un hymne aux esprits libres dans des corps libres", est "l’histoire d’un corps tourmenté, malade, habité par une famille nombreuse d’esprits illuminés qui l’habillent de honte pour le posséder ; il s’agite, se secoue, s’en déleste, mais ces esprits reviennent à chaque fois par légions indénombrables et davantage nuisibles, voire fatales, car ils brûlent le corps qui résiste à leur conquête".
A Ath Yenni en Kabylie, sur une place aménagée destinée à accueillir une statue en bronze de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, la sculpture a été dévoilée le 23 juillet 2017, au lieu-dit Vava Hemza à Taourirt Mimoun, face au cimetière où repose l’écrivain.
Sélectionné à la Biennale TheRhineArt 2016 à Bonn, Abdeslam Olivier Graïne exposait durant l’été une sculpture composée de deux individus qui tiennent une corde de fil barbelé, en forme d’invite au spectateur à venir sauter. Intitulée "WilkommensSkulptur", un détournement du hashtag "WilkommensKultur" (culture de bienvenue), en résonance avec l’accueil des réfugiés en Allemagne, elle traite à sa façon "des errances et de la précarité d’une grande partie de l’humanité", note encore le sculpteur.
Toujours à Bonn, des œuvres récentes de l’artiste étaient en outre visibles durant tout le mois de juillet 2016.
Décerné par la Fondation Taylor, à la faveur d’un concours sculpture, le prix de la Fonderie d’art de la Plaine 2014 est allé à Olivier Graïne. D’un montant de 5 000 €, ce prix qui récompense un jeune sculpteur est destiné au tirage en bronze d’une œuvre. Il a été remis à l’artiste le 23 juin, lors d’une cérémonie au Théâtre Saint-Georges à Paris.
Durant le mois de septembre 2012 à l’ACB à Paris, outre une copie originale du buste de Mouloud Mammeri (Dda l-Mulud), installé en 2010 dans le village des Ath Yenni en Kabylie, le sculpteur présentait le projet d’une statue en pied et en bronze de l’écrivain.
Poursuivant sa galerie de figures de la culture et de la mémoire algériennes, Graïne a également réalisé un buste de l’homme de théâtre Malek Bouguermouh (1946-1989) dont le Théâtre régional de Béjaïa porte le nom. Formé à Moscou (1969-1974), remarqué avec sa mise en scène d’El Mahgour de Slimane Benaïssa pour la télévision algérienne, il est nommé directeur du Théâtre de Béjaïa en 1986 où il s’illustre avec H’zam el-ghoula d’après la Quadrature du cercle de Valentin Petrovitch Kataev, puis R’jal ya hlalef d’après Rhinocéros d’Eugène Ionesco. Sur la route d’Alger où il se rendait pour un filage de sa dernière pièce, Malek Bouguermouh a été fauché dans la fleur de l’âge.
Sa stèle a été inaugurée le 26 mars 2012 au Théâtre de Béjaïa (Bgayeth).
Exposition "in corpore", 2008, Paris / Centre culturel algérien
– 7. - 29. September 2024, DA ! Art-Award, Stadtmuseum Düsseldorf – 19 juin - 7 juillet 2018, exposition des lauréats des prix Taylor 2018, Paris / Fondation Taylor – 4. Dezember 2016 - 1. Januar 2017, "Now and Then" (Group Show), Künstlerforum Bonn – 2. - 30. Juli 2016, Bonn / Katharinenhof / TheRhineArt – 20 Juni - 14. September 2016, Bonn / Katharinenhof / TheRhineArt – 8 - 31 janvier 2015, Group Show, Paris / Fondation Taylor – 23 juin 2014, remise du prix de la Fonderie d’art de la Plaine 2014 de la Fondation Taylor, Paris / Théâtre Saint-Georges
– 21 - 23 septembre 2012, Présentation d’un buste et d’un projet de statue en pied de Mouloud Mammeri, Paris / Association de culture berbère (ACB)
– 26 mars 2012, Inauguration de la stèle Abdelmalek Bouguermouh, Béjaïa (Bgayeth) / Théâtre
– 6. 7. und 8. November 2009, "Et hätt noch immer joot jejange !", Sköllepturen und Zeichnungen von Graïne, Studienkreis Frechen, Dr-Tusch-Str. 2, 50226 Frechen
– 18 novembre 2008 - 10 janvier 2009, "in corpore" : sculptures de Graïne, Paris / Centre culturel algérien
Aucune
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