Signé Ali Mouzaoui, un film sur la vie et l’œuvre du poète Si Mohand ou M’hand était en chantier depuis 2019. Le biopic a été projeté en avant-première, le 19 juillet 2022 à la salle Ibn Zeydoun de Riadh el-Feth, à Alger. Le tournage devait se dérouler, sur les traces du poète, à Tizi-Ouzou, Alger et Tébessa, où Si Mohand a un temps trouvé à s’employer dans les mines d’Ouenza, ou encore à Annaba où il a séjourné à plusieurs reprises sur la route de ses escapades en Tunisie. Le premier tour de manivelle a été donné le 19 janvier 2019, à Djemaa n Saharidj, dans la wilaya (département) de Tizi Ouzou.
Titulaire d’un diplôme de metteur en scène de films d’art obtenu à l’Institut supérieur du cinéma de Moscou en 1980, Ali Mouzaoui est l’auteur de plusieurs films de fiction et documentaires, parmi lesquels deux portraits documentaires consacrés à Da L’Mulud [Mouloud Mammeri] (1987) et Mouloud Feraoun (2009).
Si Muhand u Mhand a également donné lieu à une comédie musicale en plusieurs tableaux sur les moments-clés de la vie du célèbre barde dans la Kabylie du XIXe siècle. Écrite et mise en scène par Lyes Mokrab, chorégraphiée par Sara Bouzar, sur une musique de Djamel Kaloun, la pièce a été créée en mai 2021 au Théâtre de Tizi Ouzou,
Né vers 1845 à Icheraiouen, près de Larbaâ nath Irathen (anciennement Fort national), Si Mohand ou M’hand est mort le 28 décembre 1905 à Ain el-Hammam (anciennement Michelet). Après le massacre des siens et l’incendie de son village qui suit le soulèvement de 1871 contre la colonisation française, le poète a vécu dans l’errance jusqu’à sa mort. Avec Cheikh Mohand ou el-Hocine, l’un de ses contemporains, Si Mohand ou M’hand incarne la grande tradition poétique berbère dans la Kabylie du XIXe siècle.
Dans sa présentation du Cheikh Mohand, Mouloud Feraoun rapportait ceci : "Un jour, raconte-t-on, un ange se présenta à lui et lui fit cette proposition : "Rime et je parlerai, ou bien alors parle et je rimerai." Si Mohand choisit de parler. Voilà pourquoi des rimes divines ont pu servir à des paroles profanes, car le fantasque poète, nanti du précieux cadeau, se soucia moins de glorifier les anges que de traduire ses propres tourments".
Mouloud Feraoun toujours soulignait : "Le poète parlait, autant en emportait le vent, ou presque. Ses contemporains ne mirent aucun empressement à fixer sa capricieuse inspiration au passage, comme si leurs âmes d’hommes simples était pénétrée de cette vérité infuse que toute tentative humaine pour s’approprier ce qui est beau demeure vaine ! Simplement il a pu susciter des imitateurs, remettre à la mode la déclamation poétique -et redonner le goût de versifier à un peuple habitué à chanter ses joies et ses peines, ses exploits et sa ferveur. Et les sonnets calqués sur ceux de Si Mohand durent se multiplier à l’infini".
En décembre 2005, pour le centième anniversaire de la disparition du barde kabyle, des conférences, des rencontres et des projections ont été organisées à Alger, Akbou, Bejaïa, Oran, Tizi Ouzou, avant que l’Université Paris 8 - Saint-Denis et la Maison des sciences de l’homme à Paris n’accueillent un colloque international en janvier.
– 11 février 2023, projection en présence du réalisateur, Tizi Ouzou / Cinéma Le Djurdjura
– 19 juillet 2023, avant-première, Alger / Riadh el-Feth / Salle Ibn Zeydoun
– Si Mohand ou Mhand
Un film d’Ali Mouzaoui
(130 min., Alg, 2022)
Avec Djamel Mohammedi, Dalila Harim, Mohammed Chabane
– 15 avril 2022, Alger / Théâtre national Mahieddine-Bachetarzi
– Si Muhand u Mhand (2021)
Ecrite et mise en scène par Lyès Mokrab
Avec Bilal Mohri et Rezki Ouali, (Si Muhend u Mhend jeune et adulte), Malik Fellag (Amar Saïd Boulifa), Melissa Sekhi (Yamina, l’amour de jeunesse du poète), Hocine Ait Guenissaid, Massinissa Kaci, Ania Iddir, Mounir Didani, Mohamed Lachemot, Yamina Abouahi, Smail Dihia et Rachel Ikheddachene
Danseurs et danseuses : Maya Bachi, Melissa Benabdelaziz, Lamia Amrani, Nassim Merkal, Riad Hamdad et Meziane Tireche
Musique : Djamel Kaloun
Chorégraphie : Sara Bouzar
Scénographie : Abdellah Kabiri et Ferhat Messaoui
– 12 décembre 2013, "Hommage à Si Mohand ou M’hand", avec la participation de Rachid Kahar, auteur de Si Mohand ou M’hand. La Vaine Musique du vent (Alger, Inas, 2006), Tassadit Yacine (directrice de recherche, Ehess) et Ben Mohamed (poète et parolier), Paris / Centre culturel algérien
– 5 - 9 octobre 2010, "Hommage à Si Mohand U M’hand", Azzefoun / 1er Festival mondial de la poésie
– 29 septembre 2010, "Hommage à Si Mohand U M’hand, poète de légende, poète universel", Paris / Centre culturel algérien / 4e Festival international de la poésie à Paris
– 26 février 2006, café littéraire animé par Rachid Mokhtari, Alger / Le Hamma / Bibliothèque nationale
– 4 - 5 janvier 2006, Colloque international "Centenaire de Si Mohand-ou-Mhand ou la poésie d’expression kabyle d’hier à aujourd’hui", Saint-Denis / Université Paris 8 / Maison des sciences de l’homme Paris-Nord
– 20 - 28 décembre 2005, Centenaire de la disparition de Si Mohand, Alger, Akbou, Bejaïa, Oran, Tizi Ouzou
Bibliographie
– Les Poèmes de Si Mohand
Présentés par Mouloud Feraoun
(Paris, Minuit, 1960)
(Rééd., Alger, Bouchène, 1989)
(Rééd., Alger, Anep, 2005)
– Les Isefras de Si Mohand ou M’hand
Choix et traduction de Mouloud Mammeri
(Paris, Maspero, 1969)
Présentation de Tassadit Yacine
(Rééd., Orphée/La Différence, 1994)
– Isefra n Si Muhend u Mhend
par Mohand Ouramdane Larab
(Rabat, Ed. Impérial, 1997)
(Tizi Ouzou, Ed. Le Savoir, 2006)
– Cheikh Mohand. Le Souffle fécond
de Farida Aït Ferroukh
Préface de Mohammed Arkoun
(Paris, Volubilis, 2001)
– Si Mohand ou Mhand. Errance et révolte
de Younes Adli
(Paris Mediterranée, 2001)
– Slimane Azem, Allaoua Zerrouki chantent Si Mohand U M’hand
de Rachid Mokhtari
(Alger, Apic, 2005)
– Si Mohand ou M’hand. La Vaine Musique du vent
de Rachid Kahar
(Alger, Inas, 2006)
Filmographie
– Si Mohand U M’hand, l’insoumis, un film de Rachid Benallal et Lyazid Khodja (100 min., Alg/Mar, 2004)