Pour les 25 ans de Suresnes Cités Danse, le Festival a passé commande au danseur et chorégraphe Farid Berki, pour mettre en scène un spectacle témoignant d’un quart de siècle de recherches et d’inventivité, avec un mix d’extraits de pièces emblématiques du Festival et 25 danseurs vedettes représentant trois générations.
D’une proximité née et développée depuis 1984 avec le compositeur russe Igor Stravinski, Farid Berki s’est déjà saisi de Petrouchka (1998), du Scherzo fantastique (2014) et du Sacre du Printemps (2013). Il y est revenu avec L’Oiseau de feu (2015), créé pour les vingt ans de sa compagnie Melting Spot. L’Oiseau de feu était visible, en février 2016, au Festival Suresnes Cités Danse.
Figure de la danse hip-hop en France, cet ancien danseur de rue autodidacte et amateur d’arts martiaux se forme à diverses techniques de danse et fonde en 1994 la compagnie Melting Spot. Dans un entretien accordé en janvier 2017, au journal Le Monde, il rappelle que sa pratique s’est surtout forgée ailleurs qu’en France "où à l’époque, lorsqu’on était métèque, noir ou arabe, on n’entrait pas dans les boîtes de nuit, mais en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Angleterre, où le hip-hop a été mon premier passeport. Mais aussi dans la base militaire américaine de Mons, en Belgique, où je croisais des rappeurs et des musiciens noirs et portoricains… Ma culture hip-hop vient de là".
Né d’une mère française et d’un père berbère algérien, il estime aussi avoir su, dès l’enfance, "très vite et très tôt ce qu’est la prédestination sociale. Je n’ai jamais oublié, précise-il, qu’on restera dans une réserve d’Indiens, même si cela donne l’envie de s’émanciper".
Farid Berki se fait remarquer, aux "Rencontres des cultures urbaines" de La Villette en 1996, avec Fantasia, un spectacle solo qui mêlait avec succès hip-hop et flamenco. On en a un bref aperçu dans Faire kiffer les anges, le film de Jean-Pierre Thorn (Fr, 1996). Fantasia sera suivi de Point de chute, Petrouchka et de Invisible armada qui croise les techniques du hip-hop et de la capoeira brésilienne.
Ce sont les qualités de sa version du Petrouchka qui achèveront de décider le danseur étoile de l’Opéra de Paris Kader Belarbi lorsqu’invité à choisir un auteur-chorégraphe, pour un solo de 20 minutes, il sollicite Farid Berki.
Leur collaboration, à la faveur de cette manifestation régulière de la SACD à Avignon, donnera Pas de vague avant l’éclipse en juillet 1999. Après les journées de Suresnes Cités Danse, en janvier 2000, une nouvelle mouture du solo a été présentée en mars à l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille.
Le danseur et chorégraphe a également travaillé à remanier sa version du Petrouchka sur Stravinski pour que les danseurs du Ballet de l’Opéra national du Rhin s’approprient son vocabulaire hip-hop. Ses actions de sensibilisation dans les écoles, autour de cette pièce, créée par Nijinski en 1911, ont fait l’objet d’un documentaire* de Jean Rabaté.
Basé pendant plusieurs années à Dunkerque, Farid Berki y a mis en place des "labos" expérimentaux, créant Atomixité en 2001 (pour six danseurs et comédiens), puis Sur le Feel en 2002. Ce dernier était visible au festival Suresnes Cité Danse et aux 7è Rencontres de la Villette en 2003.
Tourné durant l’édition 1999 du festival "Suresnes Cité Danse", le film du même nom signé de Luc Riolon accompagnait les répétitions et les représentations de Blanca Li, Régis Obadia, Karine Saporta, Laura Scozzi ou Farid Berki. Ceux-ci devaient sélectionner leurs équipes parmi quelques deux cents jeunes auditionnés pour tirer parti de la richesse de leur expression hip-hop. (L’Oiseau de feu, par Farid Berki, Crédit Photo : Ugo Ponte)
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