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  71e Festival de Cannes

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Le 71e Festival de Cannes jouait gros. Avec une Sélection officielle qui misait sur le "renouvellement", pour reprendre le mot du délégué général du Festival, 21 films concouraient pour la Palme d’or, dont on pouvait relever Le Livre d’images de Jean-Luc Godard (Suisse-France), Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan (Turquie), le seul cinéaste cette année à avoir déjà remporté une Palme d’or avec Winter Sleep (2014), Les Éternels de Jia Zhang-ke (Chine, France, Japon), Une affaire de famille de Kore-eda Hirokazu (Japon) et Burning de Lee Chang-dong (Corée du Sud).

Sur 21 films en compétition, 9 sont l’œuvre de nouveaux venus et trois seulement par des femmes, Nadine Labaki avec Capharnaüm (Liban, France), Alice Rohrwacher avec Heureux comme Lazzaro (Italie) et Eva Husson avec Les Filles du soleil (France). Outre Yomeddine, un premier film, d’Abu Bakr Shawky (Égypte, États-Unis, Autriche), on pouvait noter la sélection de 3 Visages de Jafar Panahi (Iran) et de L’Été de Kirill Serebrennikov (Russie), mais sans les deux cinéastes, absents de la Croisette, car interdits de voyage par leurs pays respectifs.

Avec une faible présence du cinéma américain et de Hollywood, seulement deux films en compétition, BlacKKKlansman de Spike Lee et Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, l’édition 2018 souffrait à l’évidence de l’éviction du producteur Harvey Weinstein (Miramax), longtemps grand pourvoyeur de films sur la Croisette, devenu un paria depuis les révélations du New York Times et du New Yorker et les témoignages d’une centaine de femmes, dont une quinzaine qui l’accusent de viols.

De l’avis de nombreux observateurs, Cannes fait de la résistance à l’heure où les studios et les films américains candidats aux Oscars semblent parier un peu plus sur les festivals de la rentrée, Venise et Toronto, comme ce fut le cas pour des films comme Gravity d’Alfonso Cuarón, Birdman d’Alejandro González Iñárritu, La La Land de Damien Chazelle ou The Shape of Water de Guillermo Del Toro. D’aucuns pensent qu’un tel raisonnement pourrait également expliquer l’absence de Jacques Audiard (The Sisters Brothers) et Xavier Dolan (Ma vie avec John F. Donovan, son premier film tourné en anglais), deux cinéastes dont la reconnaissance s’est pourtant largement édifiée à Cannes.

Cannes 2018, c’est aussi le bras de fer qui se poursuit avec Netflix qui n’avait aucun film en lice cette année, après l’exclusion de la compétition des longs-métrages qui ne sortiraient pas en salles en France. Exit donc la possibilité de voir sélectionnés Roma du Mexicain Alfonso Cuarón, Norway du Britannique Paul Greengrass ou Hold the Dark de l’Américain Jeremy Saulnier. En 2018, le nouveau poids lourd de l’audiovisuel mondial a prévu de dépenser quelque 8 milliards de dollars dans la production de contenus. Netflix dit être ouvert à une sortie de ses films dans les salles françaises, mais sans garantir une fenêtre de trente-six mois après la sortie, avant qu’ils fussent disponibles en streaming, comme le veut la chronologie des médias en vigueur en France.

Pour le gala d’ouverture, le choix s’est porté sur Everybody Knows de l’Iranien Asghar Farhadi, cinéaste multi-primé à Cannes et aux Oscars. Le film, porté par Penélope Cruz et Javier Bardem, met en scène une femme de retour dans son village natal en Espagne, aux prises avec son passé. Everybody Knows a été fraîchement accueilli par la critique.
Pour le film de clôture, hors compétition, les sélectionneurs ont retenu The Man Who Killed Don Quixote (L’Homme qui tua Don Quichotte) de l’Américain Terry Gilliam, avec le souhait que la projection à Cannes ne soit pas empêchée, car le film, qui a accumulé les mésaventures depuis sa mise en chantier en 2000, a fait l’objet d’un dernier bras de fer sous la forme d’un procès intenté par le producteur Paulo Branco auprès du Tribunal de grande instance de Paris. Le verdict du procès en référé est tombé le 9 mai rendant possible sa projection pour la soirée de clôture. Toutefois, la mention suivante devait figurer au générique à cette occasion : "La projection du film The Man Who Killed Don Quixote lors de cette séance de clôture du Festival international du film ne préjuge en rien des droits revendiqués, qui font l’objet de procédures judiciaires en cours".

Cannes 2018, c’était aussi un jury de la compétition majoritairement féminin présidée par l’actrice australienne Cate Blanchett. Récompensée de deux Oscars, pour sa performance dans un second rôle dans The Aviator de Martin Scorsese (2005), puis celui de meilleure actrice dans Blue Jasmine de Woody Allen (2014). En 2007, elle a remporté le prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise, pour sa composition d’un Bob Dylan androgyne dans I’m Not There de Todd Haynes. Devenue l’une des figures de proue de la lutte contre le harcèlement sexuel dans le 7e art depuis le début de l’affaire Harvey Weinstein, l’actrice est la onzième femme à se voir confier la présidence du jury de Cannes.
Cate Blanchett était épaulée dans sa tâche par les cinéastes américaine Ava DuVernay, russe Andrey Zvyagintsev, canadien Denis Villeneuve et français Robert Guédiguian, les actrices américaine Kristen Stewart et française Léa Seydoux, l’acteur chinois Chang Chen et l’auteure, compositrice et interprète, burundaise Khadja Nin.

Outre la sélection en compétition de Yomeddine de l’Egyptien Abu Bakr Shawky, celle de Sofia de la Marocaine Meryem Benm’Barek dans la sélection Un certain regard, de Mon cher enfant du Tunisien Mohamed Ben Attia (Tunisie) et de Amin du Français Philippe Faucon à la Quinzaine des réalisateurs, l’un des clous de la présence africaine à Cannes cette année tenait à Rafiki de la Kenyane Wanuri Kahiu, retenu dans la sélection Un certain regard. Premier film kényan de l’histoire à être sélectionné à Cannes, Rafiki (ami en swahili) est une histoire d’amour lesbien entre deux jeunes amies de Nairobi. Les autorités kenyanes ont approuvé le tournage mais, le 27 avril dernier, elles ont décidé de l’interdire, sous l’accusation de promouvoir l’homosexualité. Réagissant sur Twitter, le réalisatrice a estimé que "les adultes kényans sont suffisamment mûrs et perspicaces pour regarder [ce film] mais on leur en a retiré le droit".
Citons enfin la sélection d’Un jour de mariage d’Elias Belkeddar (France, Algérie) à la Semaine de la critique, dans la catégorie courts métrages.

Dans le section Cannes Classics qui met en valeur des films du patrimoine en copies restaurées, 21 films étaient présentés où il était notamment question de la première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma avec L’histoire inédite d’Alice Guy-Blaché de Pamela B. Green (États-Unis, 2018), des 50 ans de 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, d’Orson Welles et du Centenaire Ingmar Bergman. A côté de Ladri di biciclette (Le Voleur de bicyclette) de Vittorio De Sica (Italie, 1948) ou du Grand Bleu (The Big Blue) de Luc Besson (2h18, France, États-Unis, Italie, 1988), on pouvait voir ou revoir Fad’jal (Grand-père, raconte-nous) de Safi Faye (Sénégal, France, 1979), Hyènes de Djibril Diop Mambéty (Sénégal, France, Suisse, 1992) et El Massir (Le Destin) de Youssef Chahine (Égypte, France, 1997).

Pour la première fois, il y avait un Pavillon palestinien au Festival de Cannes. Pour l’occasion, 10 projets de films, 5 fictions et 5 documentaires, ont été choisis pour participer au Producers Network, au sein du Marché du film.

Pour cette édition, l’affiche du Festival montrait une femme et un homme qui s’embrassent. Il s’agit d’Anna Karina et de Jean-Paul Belmondo dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. Le cliché est de Georges Pierre (1927-2003), fameux photographe de plateau durant trente ans, et la maquette de l’affiche est signée de la graphiste Flore Maquin.



 8 - 19 mai 2018, 71e Festival international du film de Cannes


Palmarès du 71e Festival de Cannes

 Palme d’or : Une affaire de famille du Japonais Hirokazu Kore-Eda -

 Grand Prix : BlacKkKlansman de l’Américain Spike Lee

 Prix du jury : Capharnaüm de la Libanaise Nadine Labaki

 Palme d’or spéciale : le réalisateur Franco-Suisse Jean-Luc Godard pour Le livre d’image qui était en compétition

 Prix de la mise en scène : le Polonais Pawel Pawlikowski pour Cold War

 Prix du scénario ex aequo : la réalisatrice italienne Alice Rohrwacher pour Lazzaro Felice et les Iraniens Jafar Panahi et Nader Saeivar pour Trois visages

 Prix d’interprétation féminine : la Kazhake Samal Esljamova pour son rôle dans Ayka

 Prix d’interprétation masculine : l’Italien Marcello Fonte pour son rôle dans Dogman

 Camera d’or : Girl du Belge Lukas Dhont

 Palme d’or du court métrage : All these Creatures de l’Australien Charles Williams

 Mention spéciale du court métrage : Yan Bian Shao Nian du Chinois Wei Shujun


Sélection officielle

En compétition

 3 Visages de Jafar Panahi [Film d’ouverture] (Iran)
 Asako I & II de Ryusuke Hamaguchi (Japon)
 Ayka de Sergey Dvortsevoy (Kazakhstan)
 BlacKkKlansman de Spike Lee (États-Unis)
 Burning de Lee Chang-dong (Corée du Sud)
 Capharnaüm de Nadine Labaki (Liban, France)
 Dogman de Matteo Garrone (Italie, France)
 En guerre de Stéphane Brizé (France)
 Everybody Knows (film d’ouverture) d’Asghar Farhadi (Espagne, France, Italie)
 Heureux comme Lazzaro d’Alice Rohrwacher (Italie)
 Le Livre d’image de Jean-Luc Godard (Suisse, France)
 Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan (Turquie)
 Les Eternels de Jia Zhang-ke (Chine, France, Japon)
 Les Filles du soleil d’Eva Husson (France)
 L’Eté de Kirill Serebrennikov (Russie)
 Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré (France)
 Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez (France, Mexique)
 Under the Silver Lake de David Robert Mitchell (États-Unis)
 Une affaire de famille de Kore-Eda Hirokazu (Japon)
 Yomeddine d’Abu Bakr Shawky (Égypte, États-Unis, Autriche)
 Zimna wojna de Pawel Pawlikowski (Pologne)

Hors compétition

 Le Grand Bain de Gilles Lellouche (France)
 The Man Who Killed Don Quixote (L’Homme qui tua Don Quichotte) de Terry Gilliam [Film de clôture] (Espagne, Royaume-Uni, France, Portugal)
 Solo : A Star Wars Story de Ron Howard (États-Unis)
 The House That Jack Built de Lars Von Trier (Danemark, France, Allemagne, Suède)

Séances spéciales

 10 Years in Thailand d’Aditya Assarat, Wisit Sasanatieng, Chulayarnon Sriphol et -Apichatpong Weerasethakul (Hongkong)
 Another Day of Life de Raul de la Fuente et Damian Nenow (Pologne, Espagne)
 La Traversée de Romain Goupil (France)
 Le Grand Cirque mystique de Carlos Diegues (Brésil, Portugal, France)
 Le Pape François : Un homme de parole de Wim Wenders (Italie, Suisse, Allemagne, France)
 Les Âmes mortes de Wang Bing (Chine, France)
 Libre de Michel Toesca (France)
 The State Against Mandela and the Others de Nicolas Champeaux et Gilles Porte (France)

Séances de minuit

 Arctic de Joe Penna (Islande)
 Fahrenheit 451 de Ramin Bahrani (États-Unis)
 Gongjak de Yoon Jong-bin (Corée du Sud)
 Whitney de Kevin Macdonald (Royaume-Uni, États-Unis)

Un certain regard

 A genoux les gars d’Antoine Desrosières (France)
 Donbass de Sergei Loznitsa (Ukraine)
 El Angel de Luis Ortega (Argentine, Espagne)
 Euphoria de Valeria Golino (Italie)
 Girl de Lukas Dhont (Belgique)
 Gräns d’Ali Abbasi (Suède, Danemark)
 Gueule d’ange de Vanessa Filho (France)
 In my Room d’Ulrich Köhler (Allemangne, Italie)
 Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Eric Métayer (France)
 Les Moissonneurs d’Etienne Kallos, (Afrique du Sud)
 Les Morts et les autres de Joao Salaviza et ¬Renée Nader Messora (Portugal)
 Long Day’s Journey into Night de Bi Gan (Chine)
 Manto de Nandita Das (Inde)
 Meurs, monstre, meurs d’Alejandro Fadel (France, Chili, Argentine)
 Mon tissu préféré de Gaya Jiji (France, Allemagne, Turquie)
 Rafiki de Wanuri Kahiu (Kenya, Afrique du Sud)
 Sofia de Meryem Benm’Barek (Maroc)
 The Gentle Indifference of the World d’Adilkhan Yerzhanov (Kazakhstan, France)


Quinzaine des réalisateurs

 Amin de Philippe Faucon (France)
 Buy me a Gun de Julio Hernandez Cordon (Mexique)
 Carmen y Lola de Arantxa Echevarria (Espagne)
 Climax de Gaspar Noé (France)
 El Motoarrebatador d’Agustin Toscano (Argentine, Uruguay)
 En liberté ! de Pierre Salvadori (France)
 Joueurs de Marie Monge (France)
 Leave No Trace de Debra Granik (États-Unis)
 Le monde est à toi de Romain Gavras (France)
 Les Confins du monde de Guillaume Nicloux (France)
 Les Oiseaux de passage de Ciro Guerra et Cristina Gallego [Film d’ouverture] (Colombie, Danemark)
 Los Silencios de Beatriz Seigner (Brésil)
 Mandy de Panos Cosmatos (États-Unis)
 Miraï, ma petite sœur de Mamoru Hosoda (Japon)
 Mon cher enfant de Mohamed Ben Attia (Tunisie)
 Petra de Jaime Rosales (Espagne, France)
 Samouni Road de Stefano Savona (Italie)
 Teret d’Ognjen Glavonic (Serbie)
 The Pluto Moment de Ming Zhang (Chine)
 Troppa grazia de Gianni Zanasi [Film de clôture] (Italie)

Courts-métrages

 Basses de Félix Imbert (France)
 Ce magnifique gâteau ! de Emma De Swaef et Marc Roels (Belgique, France, Pays-Bas)
 La Chanson de Tiphaine Raffier (France)
 La Lotta de Marco Bellocchio (Italie)
 La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel (France)
 Las Cruces de Nicolas Boone (France)
 Le Sujet de Patrick Bouchard (Canada)
 O Orfao de Carolina Markowicz (Brésil).
 Our Song to War de Juanita Onzaga (Colombie, Inde, Belgique)
 Skip Day de Patrick Bresnan et Ivette Lucas (États-Unis)

Semaine de la critique

 Chris the Swiss d’Anja Kofmel (Suisse)
 Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (Portugal, France, Brésil)
 Fugue d’Agnieszka Smoczynska (Pologne)
 Monsieur de Rohena Gera (Inde, France)
 Sauvage de Camille Vidal-Naquet (France)
 Un jour de Zsofia Szilagyi (Hongrie)
 Woman at War de Benedikt Erlingsson (Islande)

Courts-métrages

 Amor, avenidas novas de Duarte Coimbra (Portugal)
 Hector Marlo - The Last Day of the Year de Jacqueline Lentzou (Grèce)
 Exemplary Citizen de Kim Cheol-hwi (Corée du Sud)
 Pauline asservie de Charline Bourgeois-Tacquet (France)
 La Persistente de Camille Lugan (France)
 Rapace de Felipe Galvez (Chili)
 Schächer de Flurin Giger (Suisse)
 The Tiger de Mikko Myllylahti (Finlande)
 Un jour de mariage d’Elias Belkeddar (France, Algérie)
 Normal de Michael Borodin (Russe)

Séances spéciales

 Guy (film de clôture) d’Alex Lutz (France)
 La Chute (court métrage) de Boris Labbé (France)
 Nos batailles de Guillaume Senez (France, Belgique)
 Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin (France)
 Third Kind (court métrage) de Yorgos Zois (Grèce, Croatie)
 Ultra Pulpe (court métrage) de Bertrand Mandico (France)
 Une saison ardente de Paul Dano [Film d’ouverture] (États-Unis)

Acid

 L’Amour debout de Michaël Dacheux (France)
 Bad Bad Winter d’Olga Korotko (Kzakhstan)
 Cassandro the Exotico ! de Marie Losier (France)
 Dans la terrible jungle de Caroline Capelle et Ombline Ley (France)
 Il se passe quelque chose d’Anne Alix (France)
 Nous, les coyotes de Hanna Ladoul et Marco La Via (États-Unis)
 Seule à mon mariage de Marta Bergman (Belgique)
 Thunder Road de Jim Cummings (États-Unis)
 Un violent désir de bonheur de Clément Schneider (France)

Séances spéciales

 Mirinda, avant l’aurore de Nathan Nicholovitch (France)
 Reprise d’Hervé Le Roux (France)

 


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