En sélection officielle au Festival de Cannes 2021, Marinheiro das montanhas (Marin des montagnes) de Karim Aïnouz a été projeté en séance spéciale, hors compétition.
Cinéaste et artiste visuel brésilien né en 1966 à Fortaleza, d’une mère brésilienne et d’un père algérien originaire de Kabylie, architecte de formation et photographe, Karim Aïnouz a grandi au Brésil, vécu trois années en France, puis à New York, avant de s’établir à Berlin.
Aujourd’hui âgé de 55 ans, Karim Aïnouz s’est attelé à un long métrage où il fait une sorte d’inventaire affectif de sa propre vie. Avec Marinheiro das montanhas (Marin des montagnes), le voilà sur les pas de ses parents, documentant l’histoire d’amour et la séparation en 1965 de la Brésilienne Iracema et de l’Algérien Madjid ; de leur histoire d’amour qui commence aux États-Unis, où ils se sont mariés, et des jours heureux dont il reste une boîte de diapositives, jusqu’au voyage sans retour de Madjid en Algérie. Iracema est revenue seule et enceinte à Fortaleza. Karim Aïnouz a grandi sans son père - aujourd’hui âgé de 80 ans - qu’il ne rencontrera qu’à l’âge de 20 ans à Paris. Sa mère Iracema ne s’est jamais remariée.
Entre rêverie, poème visuel et documentaire, le film évoque en outre la guerre d’indépendance algérienne, les souvenirs d’enfance et les contrastes entre la Kabylie de son père et Fortaleza, ville natale du cinéaste et de sa mère Iracema.
Dans un entretien, en date du 1er mai, le cinéaste confiait : J’ai pris un bateau à Marseille et je me suis retrouvé en Algérie, dans le village [[à Taguemount Azouz en Kabylie] d’où vient mon père, qui est une région montagneuse, où il neige. Ma mère est décédée en 2015, mais elle m’accompagne dans ce voyage comme une sorte de compagne imaginaire. J’ai tourné tout au long du voyage, construisant un film dont j’espère terminer le montage en juillet ou août. Le voilà donc en Sélection officielle à Cannes, râvi "qu’un film aussi intime et personnel soit présenté en avant-première dans cette vitrine internationale géante qui célèbre la diversité, l’excellence et le prestige de Cannes". (Diário do Nordeste, du 4 juin)
Karim Aïnouz s’est donc rendu pour la première fois en Algérie en 2019, avec le projet d’y tourner Algerian by Accident, un essai autobiographique, une sorte de road-movie en forme d’exploration de ses propres racines algériennes et l’héritage de la lutte pour l’indépendance contre la domination coloniale française. Arrivé à Alger le 16 février, le cinéaste assiste aux premières manifestations du Hirak pour un changement de régime dans le pays, qui ont conduit à la chute du président Abdelaziz Bouteflika, et tourne Nardjes A., à chaud, durant la journée du 8 mars 2019.
Prix Un certain regard au Festival de Cannes, A Vida invisível de Euridice Gusmão (La Vie invisible d’Euridice Gusmão, 2019) était ensuite visible à la 76e Mostra de Venise. Dans cette fresque familiale, à travers l’histoire de deux sœurs cruellement séparés, le film raconte la difficile émancipation des femmes dans le Brésil des années 1950. The Invisible Life of Euridice Gusmão a été acquis par les Studios Amazon pour les États-Unis et a été désigné par l’Académie brésilienne du film pour représenter le pays aux Oscars.
Entretien avec Karim Aïnouz, par Philippe Lefait, Festival de Biarritz 2019
Ses précédents films, Madame Satã (2002), O Céu de Suely (Le Ciel de Suely, 2006) ou Praia do futuro (Futuro Beach, 2014) ont été sélectionnés à Cannes, Venise et Berlin. En 2008, Karim Aïnouz a en outre réalisé Alice, une série de treize épisodes pour HBO Amérique latine. En tant que scénariste, il a notamment collaboré à Avril brisé de Walter Salles (2002), d’après le roman poignant de l’Albanais Ismaïl Kadaré.
En tant qu’artiste visuel enfin, son travail a notamment été exposé à la Biennale du Whitney Museum de New York (1997), à celles de São Paulo (2004) et de Sharjah (2011).
Aucune
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