Chronique des années de braise s’ouvre sur un paysan pauvre et acculé (Yahia Ben Mabrouk) qui se rend, malgré les prières des villageois, jusqu’à un poste de recrutement de l’armée française pour s’enrôler et espérer ainsi nourrir sa famille. Nous sommes à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Bientôt, à cause de la sécheresse, c’est au tour d’Ahmed (Yorgo Voyagis) d’emmener les siens vers la ville à la recherche d’un travail. Une épidémie de typhus achève de décimer les populations autochtones.
Miloud connaîtra l’enrôlement forcé et la guerre en Europe. A son retour au pays, les idées d’indépendance ont fait du chemin. Les élections de 1947 se terminent dans le sang et Ahmed est envoyé au bagne avant de s’évader et de rejoindre le maquis. Le film prend fin sur les images de Smaïl, le fils d’Ahmed devenu un jeune homme (Malik Lakhdar-Hamina), qui court vers l’avenir et la liberté.
D’un bout à l’autre, Chronique des années de braise est traversé par les tirades de Miloud, avec Mohammed Lakhdar-Hamina lui-même dans le rôle du fou du village à la lucidité prophétique, dont les harangues n’épargnent personne et jusqu’aux morts du village qu’il prend à témoin et convoque.
Vaste fresque aux accents épiques et d’une grande puissance visuelle, le film "écoute l’histoire aux portes de la légende", pour reprendre les mots du cinéaste. Chronique des années de braise est structuré en six tableaux, de la veille de la Seconde Guerre mondiale au déclenchement de l’insurrection de novembre 1954.
S’il ne peut faire l’unanimité au plan historique, -le cinéaste assume le fait que son film "n’est qu’une vision personnelle même s’il prend appui sur des faits précis"-, il reste un remarquable document au plan humain dans son éclairage de la séquence historique qu’il dépeint, une période marquée par la sécheresse et la paupérisation de la paysannerie algérienne déjà dépossédée des terres fertiles par la colonisation et réduite le plus souvent à l’exode vers la périphérie des villes, la percée des idées d’indépendance jusqu’au déclenchement de la lutte armée pour la libération du pays.
"Avec ce film, ajoute Mohamed Lakhdar Hamina, j’avais eu envie d’expliquer pour la première fois comment est arrivée la guerre d’Algérie. Cette révolte, qui est devenue la révolution algérienne, est non seulement contre le colonisateur, mais aussi contre la condition de l’homme". Chronique des années de braise est enfin habité par le souffle et le verbe de Miloud, le fou du village. Des tirades, dans la veine d’une belle tradition poétique populaire, qui éclairent le propos et structurent le film.
Récompensé par une Palme d’or à Cannes en 1975, décernée par un jury présidé par l’actrice Jeanne Moreau, il était en compétition avec Profession : Reporter (Professione : reporter) de Michelangelo Antonioni, Parfum de femme (Profumo di donna) de Dino Risi, L’énigme de Kaspar Hauser (Jeder fur sich und Gott gegen alle) de Werner Herzog ou Lenny de Bob Fosse. Sélectionné l’année suivante pour l’Oscar du film étranger à Los Angeles, Chronique des années de braise est rapidement consacré comme le film de référence sur les origines de la guerre d’Algérie. Il n’en a pas moins suscité une levée de bouclier au pays à cause de son budget jugé faramineux.
Chronique des années de braise > Rencontre d’Ahmed et Miloud (1’52)
– 14 mai 2023, version restaurée grâce à la George Lucas Family Foundation, The Film Foundation, l’UNESCO et FEPACI, Montreuil / Cinéma Le Méliès – 12 mars 2023, version restaurée, Paris / Cinémathèque française – 30 avril 2022, Lyon / 22e Festival Cinémas du Sud / Institut Lumière
– 24 - 29 août 2021, "Hommage au cinéma algérien", Festival du film francophone d’Angoulême – 20 - 27 février 2015, 31e Festival international du film d’amour de Mons – 27. März 2014, "Algerien nach 1954" : Chronique des années de braise (The Chronicle of the Years of Fire), Berlin / Haus der Kulturen der Welt – March 12, 2013, "Algerian Film Festival", Washington DC / Goethe-Institute
– March 7, 2013 7:30 pm, "Algerian Film Festival", New York University / Institute of African American Affairs – 15 - 22 décembre 2012, Panorama, 6e Festival d’Oran du film arabe (Fofa)
– 16 - 24 novembre 2012, "Hommage à l’Algérie", 24e Journées cinématographiques de Carthage – 16 et 17 novembre 2012, Rétrospective "Algérie, de la conquête à l’indépendance", 13e Festival du Film d’Arras – 10 novembre 2012, 10e Festival des Cinémas d’Afrique du pays d’Apt – 27 octombrie 2012, Cronica anilor de foc, Bucureşti / Cinemateca Română / Zilei Mondiale a Patrimoniului Audiovizual (Journée mondiale du Patrimoine audiovisuel)
– 11 - 20 October 2012, Abu Dhabi Film Festival : "Algerian Cinema : Yesterday, Today and Tomorrow" – 16 septembre 2012, Paris / Cité de la musique
– 16 juillet 2012, [Semaine du cinéma algérien au Caire / Cour de l’Opéra, par le Fonds de développement culturel du ministère égyptien de la Culture et l’ambassade d’Algérie au Caire
– 23 juin 2012, 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie - "Naissance d’une nation" en 46 films / Maghreb des Films à Paris / Institut du monde arabe
– 12 mai 2012, Saint-Denis / Cinéma l’Écran, 14, passage de l’Aqueduc, 93200 Saint-Denis, Tel. : 01 49 33 66 88
– 14 avril 2012, Lyon / Institut Lumière / 12e Fenêtres sur le cinéma du sud – 27 janvier - 28 janvier 2012, "Hommage à la Cinémathèque d’Alger", projections en présence du réalisateur, Vincennes / Espace Daniel-Sorano / Rencontres internationales du cinéma "Patrimoine et prix Henri Langlois"
– 24 janvier 2012, "La guerre d’Algérie, images et représentations", Paris / Forum des Images
– 21 janvier 2012, exposition "Orphelins de Fanon" de Mathieu Kleyebe Abonnenc, Noisiel / La Ferme du Buisson - Scène nationale de Marne-la-Vallée
– October 5 & 13, 2011, Film introduced by Mohamed Lakhdar-Hamina, "Mapping Subjectivity : Experimentation in Arab Cinema from the 1960s to Now, Part II", New York / The Museum of Modern Art
– 20 czerwca 2011, Kronika lat pożogi (Chronique des années de braise), "Kino afrykańskie w Iluzjonie", Warszawie / Filmoteka Narodowa
– 27th Novembre - 7th December 2007, "Tribute to Mohammed Lakhdar-Hamina", 31st Cairo International Film Festival – 14 & 20 October 2007, New York / City Cinematheque / Cuny TV – 14 - 21 October, 2007, Cork Film Festival (Ireland)
– 28 juillet - 3 août 2007, "Hommage à Mohamed Lakhdar-Hamina", Oran / 1er Festival international du film arabe
– 24 mai 2007, "Hommage à Mohamed Lakhdar-Hamina", 60è Festival international du film de Cannes – 3 April - 1 May 2007, ["Algeria Through Its Own Eyes"] (L’Algérie par ses propres yeux), New York / City Cinematheque / Cuny TV
– 11 - 25 mars 2007, "Hommage à Mohamed Lakhdar-Hamina", Paris / Institut du monde arabe
Chroniques des années de braise (Chronicle of the Years of Fire | Waqa-i’ sinin el-djamr | وقائع سنين الجمر)
un film de Mohammed Lakhdar-Hamina
(175 min., Alg, 1974)
Avec Yorgo Voyagis (Ahmed), Mohammed Lakhdar-Hamina (Miloud le fou), Sid Ali Kouiret (Saïd, le cousin), Leïla Shenna (la femme d’Ahmed), Keltoum (la mère d’Ahmed), Nadia Talbi (la sœur d’Ahmed), Malik et Merwan Lakhdar-Hamina (les enfants), Cheikh Nourredine (Akli le forgeron), Larbi Zekkal (Larbi, le militant assigné à résidence), Hassan El-Hassani (l’épicier militant), Taha El-Amiri (le cadre du parti envoyé d’Alger), Yahia Ben Mabrouk (le paysan pauvre qui s’engage), Abdelhalim Rais, Brahim Hadjadj, Hadj Smain, Hamid Habati (militants), François Maistre (le contremaître de la carrière), Mohammed Sissani (le caïd), Mustapha El-Anka (le crieur public)
Scénario et dialogues : Tewfik Farès, Rachid Boudjedra et Mohammed Lakhdar-Hamina
Image : Marcello Gatti, Andreas Winding
Musique : Philippe Arthuys
Montage : Youcef Tobni
Sortie : 26 novembre 1975
Aucune
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