Diffusé dimanche 26 septembre 2010, en première partie de soirée sur France 2, alors que Hors la loi effectuait sa première semaine en salles, Indigènes a rassemblé 3,4 millions de téléspectateurs, soit 13,5% de parts d’audience. Lors de sa précédente diffusion, le 21 mai 2009 en première partie de soirée sur France 3, Indigènes avait réuni 4,13 millions de téléspectateurs, soit 19,2% de parts de marché, plaçant ainsi la chaine de service public en deuxième position des audiences de la soirée. Mais deux jours auparavant, sur Europe 1, le comédien Jamel Debbouze s’indignait des promesses non tenues de revalorisation des retraites de ces anciens combattants qui ont participé à la libération de la France lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Si le film a redonné une place dans la mémoire collective aux combattants issus des anciennes colonies françaises, plus de cinquante ans après la fin de la guerre, un profond sentiment d’injustice perdure. On se souvient que le président Chirac avait promis une revalorisation de leurs pensions durant son mandat. Une réforme a été lancée qui a permis une première revalorisation des retraites et des pensions d’invalidité, quelle que soit la nationalité des militaires. Mais la pension de base, accordée à tous les soldats pour avoir combattu, n’a quant à elle pas été harmonisée. Aujourd’hui encore, lorsqu’un ancien combattant français perçoit une pension de 600 euros par mois, un "indigène" sénégalais n’en touche que 160, contre 80 pour un Maghrébin.
Le 8 mai, le président Sarkozy rendait "un hommage particulier" aux "spahis, tabors et tirailleurs sénégalais" et à leur offensive d’août 1944 à la suite du débarquement allié de Normandie. "La France n’oubliera jamais leur sacrifice", avait déclaré le président de la République. Mais pour Jamel Debbouze, "la reconnaissance réelle à l’égard de ceux qui ont risqué leur vie pour la France, c’est de rétablir les pensions. [...] Y’ a des gens qui crèvent de faim, qui ont 80 piges et qui n’ont plus le temps. [...] Il reste 80.000 combattants. Qu’est ce qu’on attend ? Que le dernier meurt pour rétablir la situation ?", a ajouté le comédien.
Le 29 septembre 2007, soit un an après sa sortie en France, le film était diffusé sur Canal Plus. Le programme comportait en outre Indigènes impact, un documentaire de Rémi Lainé qui se demandait déjà si la situation des tirailleurs concernés avait véritablement évolué, comme l’ont affirmé de concert décideurs et médias ?
A la veille de la sortie de son film en Grande-Bretagne (30 mars 2007), Rachid Bouchareb a interpellé le Premier ministre Tony Blair au sujet des pensions versées aux Gurkhas de l’armée britannique. Dans une lettre publique au chef du gouvernement, publiée dans le quotidien The Guardian, le cinéaste a rappelé qu’en dépit de leur participation aux campagnes de l’armée britannique depuis 1815, ces soldats d’origine indienne, aujourd’hui citoyens népalais, ne reçoivent qu’1/5è de la pension attribuée à leur semblables britanniques. Avec l’appui de la British Gurkha Welfare Society, Rachid Bouchareb en a appelé à une modification de la loi pour réparer une injustice et donner à ces hommes "le respect d’une nation" et "la dignité qu’ils méritent".
Déjà nommé à deux reprises avec Dust of Life (Poussières de vie) et Little Sénégal, Rachid Bouchareb était en lice pour l’Oscar du Film étranger 2007 avec Days of Glory (Indigènes) à la 79e édition des Academy Awards de Hollywood. Financé à 90% par la France, Indigènes qui représentait l’Algérie à Los Angeles était en compétition avec Water de Deepa Mehta (Canada), After the Wedding de Susanne Bier (Danemark), Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro (Mexique) et La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck (Allemagne) qui a finalement été primé.
Sous le titre de Days of Glory, Indigènes qui est sorti le 16 février aux Etats-Unis et au Canada a reçu un bon accueil de la critique.
Présenté comme film français lors de la 32e cérémonie des César en France, avec pas moins de neuf nominations tout comme Lady Chatterley de Pascale Ferran et Ne le dis à personne de Guillaume Canet, Indigènes a été récompensé du César du Scénario que Rachid Bouchareb partage avec Olivier Lorelle.
Avec près de 3 200 000 spectateurs en France, Indigènes, qui a bénéficié d’une promotion en grande pompe, restera dans les annales comme le film dont la sortie a contribué non seulement à donner un nouvel éclairage sur la Seconde Guerre mondiale et la libération de la France, mais aussi à faire aligner les pensions des anciens combattants des ex-colonies françaises -ils étaient encore 84.000- sur celle de leurs frères d’armes de nationalité française.
Ni didactique ni manichéen, ce sixième long métrage du cinéaste franco-algérien rend à sa façon hommage aux combattants d’Afrique qui ont participé à la libération de la France et affirme l’identité française des enfants de l’immigration. A travers l’histoire de Saïd (Jamel Debbouze), Yassir (Samy Nacéri), Messaoud (Roschdy Zem) et Abdelkader (Sami Bouajila), Rachid Bouchareb vient rappeler qu’ils furent quelque 130.000 soldats dits "indigènes", dont environ 110.000 Maghrébins et 20.000 Africains, engagés dans les offensives alliées d’Italie, de Provence, des Alpes, de la vallée du Rhône, des Vosges et d’Alsace en 1944-1945. Le groupe qui compte également un "pied-noir", le sergent-chef Martinez (Bernard Blancan), réussit à défendre un hameau alsacien pour stopper l’ultime contre-offensive d’un bataillon allemand.
En compétition pour la Palme d’Or au dernier Festival de Cannes, le film s’est vu récompenser du prix d’Interprétation masculine décerné au collectif d’acteurs Jamel Debbouze, Samy Naceri, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan. Longuement applaudi lors de sa projection sur la Croisette, film français mais absent de la sélection française et présenté sous pavillon algérien, coproduit par le Maroc, l’Algérie et la Belgique, Indigènes a nécessité un budget de quelque quinze millions d’euros. Pour Jamel Debbouze, également co-producteur du film, faire Indigènes, "c’est aussi expliquer aux jeunes beurs qu’ils ne sont pas nés en France par hasard".
– 26 septembre 2010 à 20h35 sur France 2 – 21 mai 2009 à 20h35 sur France 3
– 1er octobre 2008 à 20h45, 2/10 à 22h20, 4/10 à 16h05, 5/10 à 11h, 6/10 à 17h55, 14/10 à 22h40, 20/10 à 20h45 sur Ciné Cinéma Premier – 1ère Diff. TV : 29 septembre 2007 à 20h50, 1er octobre à 22h, 7/10 à 8h55, 8/10 à 15h20, 10/10 à 23h50, 20/10 à 4h50 sur Canal Plus
> Indigènes impact de Rémi Lainé
Diff. : 29 septembre 2007 à 22h50 sur Canal Plus
Indigènes (سكان أصايون | Days of Glory | Dias de glória)
Un film de Rachid Bouchareb
(110 min., Fr/Mar/Alg/Bel, 2006)
Scénario de Rachid Bouchareb et Olivier Lorelle
Avec Jamel Debbouze (Saïd), Samy Naceri (Yassir), Roschdy Zem (Messaoud), Sami Bouajila (Abdelkader), Bernard Blancan (Sergent Martinez)
Musique : Armand Amar, Khaled
Prix d’interprétation masculine, Festival de Cannes 2006
– UK Release : 30 March 2007
– Sortie USA et Canada : 16 février 2007
Distribué par The Weinstein Company – Sortie en France : 27 septembre 2006
Aucune
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